18h00
Salle 159 à Pouchet
Sujet: Séminaire des Doctorant·es Mars
Heure: 12 mars 2025 04:30 PM Paris
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https://univ-paris8.zoom.us/j/
ID de réunion: 952 9535 9702
Code secret: 912670
Titre: La redondance reférentielle: nombre vs. couleur
Résumé:
Bien que les principes de Grice (Grice, Cole, & Morgan, 1975) suggèrent que les locuteurs doivent êre aussi informatifs que nécessaire, mais pas plus que nécessaire, lorsqu’ils se refèrent à des objets aux couleurs/nombres et formes distincts, ils utilisent souvent des modifieurs de couleur ou de nombre qui ne sont pas nécessaires à l’identification de l’objet (Rubio-Fernandez, 2016; Rubio-Fernandez, 2019; Wu & Gibson, 2021; Xie, Wickens-Walther, & Hemforth, 2024; N. Zevakhina, Pasalskaya, & Chinkova, 2021; N. A. Zevakhina, Dongarova, Shubina, & Popova, 2024). Des études antérieures montrent que les petits nombres sont considérablement plus redondants que la couleur (Xie et al., 2024; N. Zevakhina et al., 2021; N. A. Zevakhina et al., 2024). Par ailleurs, il est constaté que les locuteurs français sont significativement plus redondants que les locuteurs chinois et anglais (Xie et al., 2024). Par conséquent, nous cherchons à savoir si les locuteurs français sont moins redondants lorsqu'on passe d'une situation de distinctivité complète (les quatre objets sont distincts, par exemple, un cœur rouge, une e ́toile verte, un triangle bleu, un cercle violet) à une situation d’ambiguïté partielle (deux objets sont identiques tandis que les deux autres sont différents, par exemple, un cœur rouge, un cœur rouge, un triangle bleu, un cercle violet) et si le nombre et la couleur ont un comportement différent face au changement. Nos résultats montrent que le changement de situation visuelle influence uniquement la couleur, mais pas le nombre chez les locuteurs français. Plus précisément, nous avons observé une diminution de redondance pour la couleur, mais une redondance stable pour le nombre. Ce qui est intéressant à noter ici est que la redondance du nombre est bien plus elevée que celle de la couleur dans la condition d’ambiguïté. Pour expliquer cela, nous supposons que l’ambiguïté de la couleur est plus facile à percevoir cognitivement que celle du nombre. Ainsi, la redondance de la couleur serait davantage pénalisée par les locuteurs, tandis que l’ambiguïté du nombre, plus difficile à percevoir cognitivement, entraînerait une tolérance plus grande de la redondance. Pour tester cette hypothèse, nous avons comparé les temps de re ́action liés au nombre et à la couleur pour les images ambiguës et les images distinctives. Nos résultats montrent que les temps de réaction sont plus courts pour la couleur que pour le nombre dans les deux types d’images, en particulier dans la condition d’ambiguïté, ce qui soutient notre hypothèse sur le traitement cognitif et visuel. En conclusion, les locuteurs français produisent la redondance de nombre et la redondance de couleur différemment dans la communication reférentielle face au changement de la distinctivité à l’ambiguïté, ce qui pourrait s’expliquer par le degré de difficulté du traitement visuel.
Résumé : L'okinawaien, langue faisant partie de la branche ryukyu des langues japoniques parlée autour de la Grande Île d'Okinawa, a fait de l'insertion glottale, résolution typologiquement peu marquée des attaques vides, une source de distinction phonémique au sein des voyelles en initiale de mot. Afin de rendre compte de l'émergence de cette singularité au sein de la branche japonique, il est nécessaire de mettre face à face les contextes syllabiques spécifiques au voyelles "pré-glottalisées" (ou non), en okinawaïen avec leurs cognats en japonais "métropolitain", une langue dont l'émergence du système vocalique est bien mieux documenté (Frellesvig & Whitman, 2004). Or, il apparaît que l'insertion glottale, en tant que variante non marqué des voyelles initiales okinawaïennes, puisse être bloquée par des glides étymologiques ayant persisté jusqu'en japonais médiéval tardif pour la branche métropolitaine (qui ont pour la quasi-totalité chuté en japonais contemporain). En termes de représentation autosegmentale, et surtout compte tenu du contexte unique où cette distinction est opérante (l'initiale de mot), le cadre phonologique "CV-strict", suggère que ces deux variantes des voyelles initiales okinawaïennes soient en réalité les deux versants d'un même phénomène appelé licenciement, dont l'insertion glottale n'est qu'une réalisation spécifique, lié à une (non-)spécification mélodique de l'attaque ciblée.