[Grammaires créoles] Ulrike Albers (U. La Réunion) / Rose Guetty Jean Noel (FLA)

15
mai.
2023.
14h00
17h00
à préciser

UPS Pouchet salle 124 & zoom

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Ulrike Albers (U. La Réunion) 

Situations et savoir stéréotypique. Observations en réunionnais et dans d’autres langues avec une division de la définitude
(résumé ci-dessous)

Rose Guetty Jean Noel (FLA)

Grammaire contrastive des pronoms régimes et obliques dans l’optique d’une didactique du français L2 en Haïti : Difficultés pour l’acquisition, analyse linguistique et propositions didactiques
(résumé ci-dessous)


Résumé Ulrike Albers (U. La Réunion)

Situations et savoir stéréotypique. Observations en réunionnais et dans d’autres langues avec une division de la définitude

Il est généralement supposé que le savoir partagé stéréotypique est à la base des définis faibles comme l’hôpital dans On l’a emmené à l’hôpital (Carlson & all 2013; Beyssade 2013; Zwarts 2014). Ces définis sont caractérisés par une identité floue (sloppy reading), et de fait ne dénotent pas un référent précis. À l’opposé, il est habituellement présumé que les définis situationnels dénotent un référent unique dans la situation. Ces derniers s’appuyeraient éventuellement sur du savoir concernant la situation mais jamais sur du savoir stéréotypé (Zwarts 2014; Lyons 1999).

Or, Ebert (1971) a montré qu’en fering une distinction était observée entre l’usage des définis nommé plus tard usage de “situation visible” par Hawkins (1978), correspondant à la référence déictique, et tous les autres usages situationnels des définis, définis implicant la forme faible de l’article et groupés de ce fait du côté des définis faibles.

Nous allons regarder plusieurs langues qui possèdent deux définis différents – le réunionnais, mais aussi le moyen allemand, l’austro-bavarian et d’autres langues décrites dans la littérature – et nous allons montrer que celles-ci situent elles aussi la frontière précisément entre deixis et référence impliquant selon nous une inférence à partir de situations stéréotypiques. Nous allons proposer que ces derniers types de définis situationnels s’appuient (partiellement) sur des frames cognitifs, comme cela a été proposé pour les définis faibles (Zwarts 2014, Löbner 2015, Oda 2015). Nous montrons qu’ils peuvent avoir une identité floue même en position sujet, et qu’ils ne peuvent être contrastés.

Références

  • BEYSSADE & PIRES DE OLIVEIRA. 2013. Recherches linguistiques de Vincennes. Weak definites across languages: theoretical and experimental investigations 42.
  • CARLSON, Gregory N. ; KLEIN, Nathalie ; GEGG-HARRISON, Whitney & TANENHAUS, Michael. 2013. Weak definites as a form of definiteness: Experimental investigations. Recherches linguistiques de Vincennes 42, 11–32.
  • Ebert, Karen H. 1971. Referenz, Sprechsituation und die bestimmten Artikel in einem nordfriesischen Dialekt. Bräist/Bredstedt: Nordfriisk Instituut.
  • Hawkins, John A. 1978. Definiteness and indefiniteness: a study in reference and grammaticality prediction. Croom Helm, London.
  • Löbner, Sebastian. 2015. Functional Concepts and Frames. In Gamerschlag, T.; Gerland, D.; Osswald, R. & Petersen W. (eds.), Meaning, Frames and Conceptual Representation, 15–42. Düsseldorf: Düsseldorf University Press.
  • LYONS, Christopher. 1999. Definiteness. Cambridge University Press, Cambridge.
  • Oda, Ryo. 2015. Uniqueness of the Definite Article with Respect to Cognitive Frames. In Meaning, Frames and Conceptual Representation, ed. Gamerschlag, T.; Gerland, D.; Osswald, R. & Petersen W.,71–92. Düsseldorf University Press, Düsseldorf.
  • Zwarts, Joost. 2014. Functional frames in the interpretation of weak nominals. In Aguilar-Guevara, A.; Le Bruin, B. and Zwarts, J. (eds.), Weak referentiality, 265–286. Amsterdam / Philadelphia: John Benjamins Publishing Company.

Résumé Rose Guetty Jean Noel (FLA)

Grammaire contrastive des pronoms régimes et obliques dans l’optique d’une didactique du français L2 en Haïti : Difficultés pour l’acquisition, analyse linguistique et propositions didactiques

Vers les années 80, le Ministre de l’éducation nationale de l’époque, Joseph Claude Bernard, a initié une réforme éducative qui introduit, à côté du français, l’usage du créole haïtien comme langue d’enseignement et langue enseignée à tous les niveaux du système éducatif. Par le biais de cette réforme, Bernard voulait, d’une part, remédier à l’échec du système traditionnel où la langue française était l’unique langue d’enseignement dans un pays où 90% de la population est unilingue créolophone ; et d’autre part aboutir à un bilinguisme fonctionnel. Quarante années plus tard, la réforme n’a toujours pas débouché sur les résultats escomptés plus particulièrement sur le plan linguistique.  

En effet, il est souvent pensé que le créole haïtien constitue un obstacle à l’appropriation de la langue française. Cependant des recherches ont prouvé que la langue maternelle de l’apprenant joue un rôle primordial dans l’acquisition de savoirs. En outre, la parenté génétique et structurelle du CH avec le français peut être un élément de dynamisation, de facilitation et d’accélération dans l’apprentissage du français notamment si cette facilitation est fondée sur une approche contrastive et une véritable stratégie d’apprentissage qui prend en compte la grammaire créole (Maïga : 2007).

En ce sens, notre travail de recherche a pour but de montrer, à travers une étude contrastive (F/CH) des pronoms régimes et obliques, comment la linguistique peut contribuer à rénover l’enseignement/apprentissage du français L2 pour former des citoyens bilingues tel qu’énoncé dans les prescrits officiels de la réforme éducative haïtienne.  

Références.

  • BENVENISTE, Emile (1966), Problèmes de linguistique générale tome 1. Gallimard, Paris
  • CHAUDENSON, Robert (Collection dirigée par Robert Chaudenson) (2007), Français et créoles : du partenariat à des didactiques adaptées. L’Harmattan, Paris
  • CHAUDENSON, Robert (Collection dirigée par Robert Chaudenson) (2008), Didactique du français en milieux créolophones : outils pédagogiques et formation des maitres. L’Harmattan, Paris
  • CHERQUI&PEUTOT, Guy, Fabrice (2014), Inclure : français de scolarisation et élèves allophones. Hachette, France
  • CRESSEILS, Denis (2006), Syntaxe Générale : une introduction typologique1 Catégories et constructions. Hermes Science Publications
  • KAYNE, Richard. S (1975), Syntaxe française. Le cycle transformationnel. Cambridge, Massachusetts (Version française : Syntaxe du français. Le cycle transformationnel. Traduit par Pierre Attal. Travaux linguistiques. Paris, Seuil, 1977.). 
  • KUPFERMAN, Lucien (2004), Le mot « de ». Domaines prépositionnels et domaines quantificationnels. De Boeck. duculot  
  • MAIGA, Amidou (2007), Le français dans les aires créolophones : Vers une didactique adaptée. L’Harmattan, Paris
Pas d'interprétation en LSF