Les langues d'héritage en France

Dates
à
Responsable(s)

Elena Soare (U. Paris-8 & UMR 7023 -SFL)

Description

Les langues d’héritage en France (acronyme)

Ce projet bénéficie d'un support International Research Network (IRN) de la part du CNRS "Heritage Languages in Europe" de janvier 2021 à décembre 2026.

Les locuteurs de langues d’héritage sont un cas particulier de bilingues, qui ont appris une langue dès leur naissance mais ont acquis une autre langue, la langue dominante de leur société, qu’ils ont été amenés à utiliser plus que leur première langue (Polinsky 2018 : 9). Ce phénomène relève d’un bilinguisme déséquilibré : la langue dominante de la société gagne du terrain sur la première langue.

L’intérêt d’étudier les langues d’héritage comme phénomène linguistique et sociolinguistique est multiple. En particulier, les langues d'héritage fournissent une fenêtre d’observation sur le changement linguistique et le contact entre les grammaires.

Les recherches sur les langues d'héritage sont encore à leurs débuts en Europe. En France, les premières recherches ont été coordonnées par Hamida Demirdache (Univ. Nantes) dans le cadre du volet AThEME - Langues d'Héritage du projet européen AThEME (Advancing the European Multilingual Experience, 2014-2019). Aux Etats-Unis de nombreuses études ont été menées sur les langues d'héritage dans le contexte de l’anglais comme langue dominante.

Le projet Langues d'Héritage en France étudie les langues d’héritage dans le contexte du français comme langue dominante. Les recherches menées visent à éclairer des questions encore ouvertes dans la littérature de spécialité, notamment :

  • Y a-t-il des convergences dans l’évolution des langues d’héritage dans le contexte d’une même langue dominante ?
  • Y a-t-il des évolutions parallèles des variétés ‘héritage’ de la même langue dans le contexte de diverses langues dominantes ?
  • Y a-t-il un impact de la proximité typologique de la langue dominante et de la langue d’héritage ?
  • Quelle est la place des tendances d’évolution internes à la langue d’origine ?
  • Peut-on déterminer la teneur de l’impact de la grammaire de la langue dominante ?

Nous menons une étude-pilote sur le roumain qui explore les différences entre le roumain des locuteurs d’héritage, celui des locuteurs monolingues, et celui des apprenants de roumain-langue étrangère. L’étude des variétés de roumain développées dans la diaspora fait en effet défaut, alors que ces variétés se développent de plus en plus dans le contexte d’une forte immigration vers la plupart des pays de l’Europe occidentale.

Le phénomène des langues d’héritage a également des repercussions sur le plan sociétal et éducationnel. Beaucoup de témoignages attestent que le fait de pratiquer et de consolider la langue première a un effet bénéfique sur l’acquisition et la consolidation de la langue de scolarisation. Inversement, l’absence de pratique en L1 peut être cause d’échec scolaire et en particulier de problèmes d’acquisition de la langue de scolarisation (Chomentowski 2009).

Dans ce contexte, notre but est de contribuer par ce projet à une meilleure valorisation des langues d’origine dans le contexte francophone, et à une meilleure compréhension de l’importance d’un bilinguisme équilibré pour la réussite scolaire et académique.

Le projet Langues d'Héritage bénéficie de l’expérience accumulée au sein du projet Langues et Grammaires en Ile-de-France (https://lgidf.cnrs.fr). L’approche contrastive français / langues diverses appliquée dans ce projet dans la perspective de l’acquisition du français L2 pourra être exploitée pour l’étude de ces langues dans un contexte de langues d’héritage. La dimension contrastive permet de déterminer les points sensibles générateurs de changement linguistique au sein des langues d'héritage chez ces locuteurs bilingues.

 

Site du projet (en construction): https://sites.google.com/view/langues-dheritage/accueil

 

Quelques références

  • Benmamoun, E., S. Montrul, and M. Polinsky. 2010. Prolegomena to heritage linguistics. White paper, Harvard Univ.
  • Brinton, Donna M., Olga Kagan, and Susan Bauckus, eds. 2008. Heritage language education: A new field emerging. New York: Routledge.
  • Chomentowski, Martine. 2009. L’échec scolaire des enfants de migrants. L’illusion de l’égalité. L’Harmattan.
  • Erfurt, Jürgen et Christine Hélot. 2016. L’éducation bilingue en France : politiques linguistiques, modèles et pratiques. Lambert Lucas.
  • Polinsky, Maria, and Olga Kagan. 2007. Heritage languages: In the “wild” and in the classroom. Language and Linguistics Compass 1.5: 368–395.
  • Polinsky, Maria. 2018. Heritage Languages and Their Speakers. Cambridge University Press.
  • Schmid, Monika S., ed. 2010. Special issue: New perspectives on L1 attrition. Bilingualism: Language and Cognition 13.1. 
Membres

Elena Soare (responsable) - PR, Université de Paris  et CNRS - Structures Formelles du Langage

Artemis Alexiadou - PR, Université Humboldt Berlin

Larisa Avram - PR, Université de Bucarest

Anamaria Bentea - Chercheur, Université de Constance

Gabriela Bîlbîie - Lecteur - Université de Bucarest

Anamaria Gîrleanu-Guichard - MCF - Université de Strasbourg

Oana Lungu - IR, LLING & Nantes Université

Alexandru Mardale - PR, INALCO

Theodoros Marinis - PR, Université de Constance

Timea Kadas Pichel - MCF - Université de Paris 8 et CNRS - Structures Formelles du Langage

Andra Vasilescu - PR - Université de Bucarest

Soutenu par SFL