Ontologie et typologie des états

Responsable(s)
  • Elena Soare, SFL / Université Paris 8

  • Léa Nash, SFL / Université Paris 8

Description

Projet de la Fédération "Typologie et universaux du langage" (CNRS FR 2559), 2014-2017

Problématique

Ce programme est consacré aux prédicats verbaux statifs à travers les langues, et propose une approche à la fois descriptive-typologique et théorique, à l’interface syntaxe-sémantique, avec une ouverture expérimentale. Cette thématique ouvre un champ de problèmes entier à la recherche en linguistique, aussi bien d’un point de vue typologique que formel.

Objectifs scientifiques et intérêts du programme

Les verbes (et d’un point de vue général, les prédicats) d’état posent des problèmes particuliers qui n’ont jamais été adressés directement dans la littérature linguistique jusqu’à présent. Bien que des travaux « pionniers » récents (Rothmayr 2009, Husband 2011) s’intéressent aux états, dans la plupart des traitements formels de la structure événementielle, même là où des études plus poussées ont été entreprises, les états prennent au mieux la forme d’une note de bas de page. Les objectifs de ce programme sont d’apporter des éléments de réponse en ce qui concerne :

  • La définition de la stativité. Beaucoup de mystères entourent les états, que l’on considère souvent comme une notion primitive dans une ontologie des événements, sans essayer d’entrer dans leur complexité ni de vraiment les définir. Du point de vue de l’ontologie, quel est le fondement d’une distinction de type événements/états (Dowty, Bach) ? Comment définir ces derniers d’une façon fiable et qui aille plus loin que l’utilisation de simples intuitions sur ce qui est dynamique ou statif ? Quelle représentation donner aux états dans la forme logique (argument davidsonien pareil de celui des événements (Kratzer) vs. argument davidsonien qui diffère de celui des événements (Copley & Harley 2012), vs. théories pragmatiques (Condoravdi, McNally, Maienborn). Enfin, l’hypothèse de la compositionnalité, mieux définie dans l’étude des événements (domaines fonctionnels verbaux), demande à être testée aussi pour les états, par comparaison avec les événements.
  • Les traits distinctifs des statifs. Qu’est-ce qui définit de façon cruciale les statifs : l’absence de changement ? l’absence d’énergie ? - ou les deux ? (Copley & Roy en préparation, Boneh et Nash, en préparation). Peut-on y ajouter l’absence de mesure/scalarité dans le changement, introduite par un objet dans le cas des verbes de changement d’état (Boneh & Nash, to appear, Copley & Harley 2012) ? Quels sont les mécanismes par lesquels est introduite l’interprétation stative par rapport à l’interprétation événementielle ; sont-ils d’ordre lexical, grammatical, pragmatique (e.g Roy, à paraître, Magri 2009) ?
  • Les tests diagnostiques de la stativité. Quels sont les critères diagnostiques pour les états, au niveau lexical, fonctionnel et phrastique ? Deux problèmes se posent particulièrement. D’une part, la majorité des tests qui ont été proposés dans la littérature (l’impératif, le perfect, les clivées, etc.) sont des tests d’agentivité et non pas de dynamicité. Les seuls tests classiques `fiables’ comme le progressif ou le présent simple en anglais se heurtent à de nombreuses exceptions mal comprises (Copley & Roy en préparation). D’autre part, les tests distinctifs de la stativité peuvent rarement être reproduits d’une langue à l’autre (en comparaison avec les tests de télicité, par exemple) – d’où la nécessité d’une investigation typologique combinée à l’étude ontologique.
  • La structure grammaticale de la stativité. Est-ce que la grammaire des langues distingue entre états et événements, et si oui, comment ? Quels sont les primitifs d’une telle distinction ? Par exemple, la présence d’un sujet datif avec les prédicats statifs dans certaines langues vs. l’utilisation de certains verbes légers (have) dans d’autres sont-ils des indications de l’existence de structures typiquement associées avec les états ? Qu’est-ce qui fait qu’une structure est instanciée dans une langue ou une autre ? Dans certaines langues, des recherches récentes sur des phénomènes qui avaient été attribués à la stativité ont montré que ces phénomènes relevaient en fait d’autres facteurs, (par exemple, on a montré qu’en Pima/Akimel O’odham, un morphème supposé marquer la stativité n’avait pas cette valeur - Jackson 2005 ; on a également montré que l’effet “factitif’ sur la sémantique temporelle, contrairement à ce qui était supposé, n’était pas relié à la distinction statif/événementiel (créole capverdien - Pratas 2010).
  • Les catégories reliées à la stativité et la question de la catégorisation. Les états étant souvent exprimés par des adjectifs à travers les langues, mais aussi par des noms et des catégories mixtes comme les participes, nous serons amenés aussi à toucher, en traitant des structures consacrées à l’expression des états, aux problèmes posés par la théorie de la catégorisation (cf. Baker 2003).
  • L’interface expérimentale. Un objectif constant et particulier du programme est le développement d’hypothèses linguistiques fournissant des voies d’exploitation expérimentale en psycholinguistique et en acquisition, afin de définir, par exemple, les corrélats perceptuels des états et des événements. Le projet mettra à profit le développement à l’UMR 7023 d’un pôle expérimental sur l’adulte et l’enfant (Bachrach, Roy, Copley, Colonna) et la Chaire d’Excellence CNRS / Roy en acquisition. Un protocole expérimental est également en préparation par Kucerova & Copley. Une collaboration pour l’interface expérimentale est également en cours entre Stockall, Roy et Bachrach.

Langues étudiées

Langues romanes (français, italien, espagnol, catalan, roumain), langues germaniques (anglais, allemand, norvégien) ; hébreu, grec, géorgien, basque ; langues afro-asiatiques (égyptien ancien, akkadien) ; langues des signes (française, anglaise, italienne) ; créoles à base lexicale française ; Tohono O’odham (Uto-Aztec), arabe tunisien. On pourra élargir à d’autres langues selon les chercheurs intéressés.

Membres

-  Membres de la fédération

 

Chercheurs et enseignants-chercheurs :

  • SFL UMR 7023 : Asaf Bachrach, Patricia Cabredo-Hofherr, Bridget Copley, Saveria Colona, Brenda Laca, Giorgio Magri, Ora Matushanski, Léa Nash, Isabelle Roy, Elena Soare, Anne Zribi-Hertz, Muhsina Aleesaib
  • LLF UMR 7110 : Carmen Dobrovie-Sorin, Marta Donazzan, Bernard Fradin, Lucia Tovena, Chris Reintges, Berit Gehrke
  • IKER – UMR 5478 - Ricardo Extepare, Urtzi Exteberria

 

Doctorants :

  • Sylvia Darteni (Univ. Paris8 – SFL UMR 7023),
  • Kirill Sidorov (Univ. Paris 3),
  • Patricia Matera (LACITO)

 

-  Hors fédération

 

Chercheurs et enseignants-chercheurs :

  • Institut Jean Nicod - Alda Mari, Carlo Geraci, Vincent Homer
  • EA 4398 : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone (PRISMES- Paris 3) : Jacqueline Guéron
  • EA 3827 - LLING - Nantes : Hamida Demirdache
  • UMR 8163 - STL - Lille 3 : Rafael Marin
  • UMR ATILF - Université de Lorraine : Marie-Laurence Knittel

 

Doctorants :

  • Jiyoung Choi (EA 3827 - LLING)

 

Post-doctorants :

  • Oana Lungu (Centro de Linguística da Universidade Nova de Lisboa)

 

Invités et collaborateurs pressentis (externes au programme) :

Artemis Alexiadou, Florian Schäfer, Gianina Iordachioaia, Fabienne Martin (Université de Stuttgart) Edit Doron, Nora Boneh (Hebrew University of Jerusalem) Idan Landau (Ben Gurion University) Hagit Borer, Linnaea Stockall (Université Queen Mary) Matthew Husband (University of Southern Carolina) Heidi Harley (University of Arizona) Ivona Kucerova, (Universités de McMaster, Hamilton, Ontario, Canada) Louise McNally, Berit Gehrke (Université Pompeu Fàbra, Barcelona) Claudia Maienborn (University of Tübingen) Antonio Fàbregas (Université de Tromsø)

 

Equipe(s)